Chronique d’une nounou en détresse qui a su se rassurer
Le 16 mars M. Macron nous annonce que l’on est « en guerre » et en crise sanitaire. Le lendemain, on va devoir être confiné.
Des questions se posent pour moi, je suis assistante maternelle.
Comment vais-je faire car si les écoles et les crèches, les MAM de plus de 10 enfants ferment, nous les nounous nous devons continuer à travailler. Pourquoi sommes-nous réquisitionnées !!!
Nous ne sommes pas immunisées contre ce virus !
Angoisse totale !!!!, j’échange avec mes 5 familles qui décident toutes de garder leurs enfants. Je souffle, je dis « ouf » ! Si la question santé est réglée, je reste angoissée pour la partie salaire et financière (il faudra attendre le 30 mars pour être rassurée, le gouvernement aide les familles à hauteur de 80% et préconise un don solidaire des parents pour les 20 %). Pas de soucis de salaire, 2ème soulagement.
Puis les parents reprennent et ont besoin que je « re-accueille » leurs enfants.
Branlebas de combat, même si cela fait 15 jours que je réfléchis à cette opportunité de retour des enfants avant la fin de la pandémie. L’angoisse réapparait. Comment accueillir dans de bonnes conditions ? Attachement, peur du masque, respect des règles et gestes barrières. Je tente d’alerter tout le monde, le préfet, l’ARS, le département, le maire mais tous me renvoient à la PMI qui nous envoie des mails vers le lien du site du ministère de la santé (préconisations floues, pas claires dans certains cas).
Ce qui m’angoisse, c’est « RESTEZ CHEZ VOUS » (ok) mais pour nous les assistantes maternelles c’est « VENEZ CHEZ NOUS » (dans notre maison, au milieu de notre famille confinée).
Tout le week-end, j’ai confectionné des masques pour me protéger, protéger ma famille. Oui mes enfants (19 ans, 17 ans et 14 ans), mon mari sont confinés à la maison depuis le 17 mars. Je veux aussi protéger les familles et leurs enfants. Je prépare un protocole d’accueil seule car à part les quelques mails, nous n’avons pas de directives claires de l’Etat : lavage des mains à l’arrivée des enfants, un seul parent à la fois dans le sas, j’ouvre mon portail et plus mon portillon, distanciation avec mes enfants et mon mari etc…. Toutes ces choses qui rassurent tout le monde pour qu’il y ait moins de risque de propagation du virus.
Je demande quand même à la PMI si une distribution de masques était prévue pour nous, car si moi je me suis confectionnée des masques, toutes mes collègues qui travaillent encore ne peuvent pas forcément le faire. Réponse les gestes barrières et le lavage de main sont préconisés sauf qu’un mètre de distance avec une famille qui amène un bébé, c’est impossible (heureusement je porte un masque et la maman aussi).
Appel de ma puéricultrice le 8 avril, cela fait plus d’une semaine que j’ai repris (même discours, rien n’est prévu pour les masques, toujours ces fameux gestes barrières). J’ai mis en place un protocole donc tout va bien !!!!!
Sauf que M. Salomon a dit le 4 avril qu’il fallait mieux porter des masques alors que le gouvernement disait le contraire 15 jours avant. Je suis bien heureuse d’avoir mesuré l’urgence et de m’être créé des masques avant cette annonce pour ma protection.
La première semaine de reprise, l’angoisse et la peur sont bien là, même si je ne le montre pas aux enfants, j’ai le sentiment de ne pas travailler comme d’habitude, d’être dans un autre monde. Mais cela me pèse, pas de câlins, peu de jeux, une distance difficile à faire avec les enfants ; pour moi ce n’est pas l’accueil que je souhaite pour les enfants chez moi.
La 2ème semaine, je prépare des activités de sensibilisation, expérience de l’assiette, eau, poivre et savon pour montrer aux plus grandes l’intérêt du lavage de main. On fait aussi des dessins, des coloriages afin d’évacuer toutes nos questions et peurs au sujet du virus. Cela fait du bien.
La 3ème semaine, ça y est les choses sont en places, j’ai retrouvé ma joie dans mon métier, j’ai retrouvé l’envie de préparer des activités, mon angoisse est là mais elle est moins timorée. On s’amuse, on rigole, on danse avec les 3 filles qui sont revenues au fur et à mesure.
4 -ème semaine, mail de la PMI, on va avoir enfin une distribution de masques (en plus de ceux prévu par notre département) dans le cadre de notre métier. Alléluia !!!!! Enfin mes collègues et moi allons pouvoir être protégées. Même si j’ai gardé un lien avec toutes, j’avais quand même une crainte pour leur santé et surtout pour celles qui n’avaient rien pour se protéger. UNE PEUR DE MOINS. La ville nous a distribué aussi des masques double protection, merci à notre maire.
Cela fait un mois et demi que j’ai repris, et les gestes sont acquis, la nouvelle organisation est prise.
Les enfants n’ont pas peur des masques. (De toutes façons il va falloir apprendre à vivre avec puisque finalement il est plus que préconisé de porter un masque par le gouvernement, on s’est foutu de nous ou quoi ?). Les activités ont repris, seules les sorties sont interdites mais nous profitons du jardin quand le temps est clément.
Mon angoisse, ma peur se sont évaporées de semaine en semaine même si je reste vigilante, et ma passion du métier.
Cependant, j’ai eu le sentiment et j’ai toujours le sentiment que nous les « assistantes maternelles » avons été les oubliées, les abandonnées du gouvernement. Et je n’oublierai pas !!!! Notre métier est essentiel, on en a eu la preuve avec cette pandémie.
Céline, une nounou encore plus passionnée par son métier qu’elle trouve le plus beau.