Irina Katz-Mazilu est diplômée de l’Institut des Beaux-Arts de Bucarest, de l’ENSAD – Ecole Nationale Supérieure des Arts Décoratifs de Paris, du DU Art en Thérapie et en Psychopédagogie de l’Université Paris V René Descartes. Elle est artiste plasticienne, membre de la Maison des Artistes. Elle participe à de nombreuses expositions personnelles et de groupe depuis 1975 – peintures, dessins, collages, photos, volumes, techniques mixtes. Depuis 1998, Irina pratique l’art-thérapie en institution et en atelier privé. Elle est membre du Comité des (Pas) Sages depuis 2017.

Quoi qu’il arrive… la vie reprendra son cours.

Nos enfants ont besoin de nous. Nous sommes des parents. Nous sommes des adultes. Quoi qu’il arrive, nous devons aider nos enfants à faire face, autant que nous-mêmes, à la sidération due au changement de vie brutal, inattendu, difficilement tolérable que nous subissons. Encore plus si nous avions eu auparavant la chance de vivre dans un pays qui ne connait pas la vrai guerre par les armes, ni la vraie dictature politique… nous devrons néanmoins veiller à ce que cela n’arrive comme suite de cette crise.

Sous la menace de la maladie, sous la pression du confinement, serait-il plus facile à être confiné.e.s seul.e.s  que de vivre le confinement en famille, dans des habitations souvent éxigues, sans espaces de respiration puisqu’il n’y a plus de parc, square, aire de jeux, piscines, terrain de foot et de tennis, cinéma, bowling, musée, théâtre, plage, refuge de montagne ? Et sans parler des écoles, crèches, garderies et autres halte-jeux… des lieux de vie et de socialisation irremplaçables. L’écran ne fournit pas le contact vivant.

Il y a un, deux, trois enfants d’âges différents à faire vivre nuit et jour à la maison, 7/7 et 24/24, à faire manger quatre fois par jour, petit déjeuner, déjeuner, goûter, diner, à faire travailler les uns sur leurs devoirs tout en travaillant soi-même à distance, occuper les autres… et que faire des plus jeunes et des bébés ? L’adulte est sollicité en permanence – sauf peut-être à l’heure de la sieste. Mais vu le manque d’air et de dépense physique, j’ai des ami.e.s qui témoignent qu’un jour sur deux, bébé refuse de faire la sieste… Je l’ai d’ailleurs vécu moi-même il y a longtemps, avec deux enfants en bas âge qui faisaient une super-sieste en crèche mais le week-end à la maison il n’était pas question de perdre du temps à dormir ! Et là, c’est week-end tous les jours pour beaucoup d’enfants confinés et leur.s parent.e.s…

Et moi j’habite une rue commerçante, très animée, avant j’aimais beaucoup le dimanche matin, bien plus calme… mais là c’est comme les « vacances éternelles », ça n’en finit plus, le « calme » ! Ah qu’on aimerait un peu de bougeotte, un peu de diversité… d’autant plus que le printemps nous nargue !

Bien – et alors que fait-on ? Alors on s’arme de patience, on tient coûte que coûte, on fait chacun des efforts pour ne pas passer ses nerfs sur les autres… et j’ai une pensée particulièrement forte pour les familles où les violences domestiques sont éxacerbées par le confinement – un tiers de plus qu’en temps « normal » lequel n’est déjà pas du tout normal…

Enfin, quoi qu’il arrive, la vie reprendra son cours. On aura tous vécu une très intense « leçon de choses ». On s’en serait bien passé, évidemment… mais là aussi c’est la vie qui décide, celle des virus, après tout ils partagent avec nous le même monde. On l’avait oublié, depuis le temps… Les leçons de choses sont faites pour ne pas être oubliées.

Et pour faire face dans l’immédiat, parlons à nos enfants, répondons à leurs questions, travaillons, dessinons, chantons et jouons avec eux – on se reposera plus tard !

Irina Katz-Mazilu

Artiste plasticienne, art-thérapeute

Quoi qu’il arrive…la vie reprendra toujours.

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