Emmi Pickler

EMMI PIKLER[1], est une pédiatre hongroise née au début du vingtième siècle. Elle a commencé à travailler avec les familles, pour ensuite ouvrir une pouponnière dans la rue Loczy, à Budapest. Cette rue donnera son nom à l’approche éducative des enfants privés de milieu familial. Emmi Pikler mettra au point une façon de faire avec les petits qui s’étendra dans les institutions d’accueil et dans différentes parties du monde dont la France.[2]

Actuellement de nombreuses crèches se réfèrent à cette façon de voir l’enfant et de l’éduquer. On dit soit : méthode Loczy, soit Pikler-Loczy. Les créateurs préfèrent parler d’approche. En 1975 une pédiatre et une psychologue sont allées à Budapest et ont publié un ouvrage qui est encore une référence pour connaitre la pédagogie en question.[3]De nombreux films significatifs de la vie à Loczy ont été réalisés.[4]

Lorsqu’elle travaillait avec les familles Emmi Pikler a noté que les enfants à qui on laissait de la liberté corporelle étaient plus habiles et prudents dans leurs gestes. Elle a donc fait des observations d’enfants non pas pour voir s’ils étaient conformes aux grilles de développement, mais pour découvrir tout un processus de développement bien plus riche chez les enfants à qui l’on fait confiance et qui se développent par eux-mêmes. Ceci sans l’intervention d’un adulte pour les stimuler ou les aider à prendre une position.

Alors aider un enfant à se mettre debout ou à marcher serait lui voler la possibilité de le faire par lui-même et surtout d’acquérir la confiance en soi qui accompagne son geste autonome. En effet, lorsqu’un enfant arrive à se retourner seul du dos sur le ventre, ensuite à s’asseoir et se mettre debout, à son temps, sans aide il prépare le stade suivant et a plus d’équilibre et d’assurance

Force-t-on une plante à pousser ?

Mais « par lui-même » ne veut pas dire seul. L’adulte est là, témoin heureux des découvertes que fait l’enfant. Un enfant regardé affectueusement profite mieux de la vie. Nous le savons bien nous qui nous nous laissons charmer par un sourire.

Alors, chez soi ou en institution on prépare un espace protégé où l’enfant pourra se déplacer librement et jouer. On met à sa disposition des objets-jeu qu’il peut atteindre seul. Ce n’est pas nécessaire d’en mettre beaucoup. Cela pourrait «inonder » l’enfant. Il est habillé de façon à pouvoir bouger sans gêne. Dans cet espace l’enfant se sent en sécurité. On est là à côté de lui, on partage son plaisir de jouer.

L’adulte cherche comment apporter une impression de sécurité à l’enfant pour qui c’est un besoin vital. Alors une vie régulière, avec un certain ordre dans l’environnement est organisée. Dans la pouponnière on fait en sorte que ce soit toujours la même personne qui donne le bain, le repas et autres soins à l’enfant. Lorsque cette personne est en congé celle qui la remplace est toujours la même. On cherche une continuité qui va « soutenir et contenir » l’enfant.

Surtout, lors des soins, une attention suivie se construit entre l’adulte et l’enfant. L’adulte parle à l’enfant, le regarde comme s’il était la chose la plus importante qui soit à ce moment-là. Une heureuse adaptation réciproque se fait, que ce soit lors de la toilette, de l’habillage ou du repas. Ainsi l’enfant est « rassasié » de bonne relation. Comme il aura reçu ce dont il a besoin, il sera calme et serein. Surtout ces moments de soins vitaux seront pour lui de bons souvenirs qui lui donneront envie de grandir, communiquer et apprendre.

Que lui dire ? Le prévenir de ce qu’on va faire ensemble, partager le plaisir que l’on a de le voir faire un geste par lui-même, répondre à ses réactions. A ce moment l’enfant sent qu’il existe. Cela lui donne de la confiance en lui-même.

Emmi Pikler a écrit en 1940, Nourrisson paisible, mère satisfaite. Ce titre est bien significatif de la bonne relation qu’elle désire entre l’enfant et l’adulte.

En institution un travail d’équipe soutient le personnel et l’aide à être disponible. Un partage d’observations de l’enfant permet de mieux le connaitre, valorise le travail qui est fait avec les enfants. A domicile ces partages peuvent se faire avec la maman. L’enfant sent la bonne cohésion entre les adultes qui s’occupent de lui.

A la pouponnière Loczy on garde des traces de l’enfance du petit pensionnaire, des photos, des notes, des observations qui seront un dossier que l’enfant gardera avec lui après. Ce sont de bonnes fondations.

[1] Moussy B., Les pédagogues dans l’histoire, page: 180, Chronique sociale, 2016

[2] Voir : http://pikler.fr/

[3] David M. Appel G.,  Loczy ou le maternage insolite, Erès, 2008.

[4] Martino B., Une maison pour Grandir, 2000

Page main shape