Architecte, Agathe Chiron s’est peu à peu, au fil des projets, investi dans la conception d’aménagements scolaires des plus originaux. En s’immergeant dans des écoles, collèges, bibliothèque ou cour de récré, elle a mis au point sa propre méthode de travail consistant à avancer pas à pas avec les enfants du lieu. Visite guidée…

A Saint-Etienne, une autre bibliothèque

Agathe Chiron a entraîné les enfants de l’école élémentaire, du CP au CM2 donc, dans un travail en commun, visant à transformer leur bibliothèque. Ensemble, ils ont commencé par dresser la liste de ce qui remplissait la pièce, constatant que la bibliothèque d’abord servait davantage aux adultes, et en plus était encombrée d’objets incongrus comme un micro-onde…

La première étape a donc consisté à débarrasser le plancher de la pièce et à disposer, enfin, d’une salle pour la bibliothèque.

Les enfants ont ensuite manifesté le désir d’avoir pour eux un lieu calme (mais pas comme une salle de classe !) Calme, mais encore ? Agathe a incité les enfants à imaginer, à pousser loin leurs rêves, à inventer la bibliothèque la plus folle.

Les enfants ont été invités à évoluer dans la pièce, à lire dans la posture qui les tentait, puis a regardé des scènes de films où l’imaginaire n’a pas de limite. Libérés, encouragés, ils ont fini par proposer de ranger les livres au plafond, de pouvoir s’asseoir sur les étagères… Bref, ils rêvaient finalement et s’aventuraient dans une créativité débordante.

S’essayant à ranger les livres dans le faux plafond, les enfants se sont rendus à un certain réalisme, ils s’accrochaient toutefois leurs idées farfelues mais en les nuançant d’un peu de considérations mathématiques…

Agathe Chiron a recueilli les idées des enfants et fait travaillé une graphiste, une typographe et elle-même, l’architecte. A la rentrée de septembre, les enfants ont découvert leur nouvelle bibliothèque, celle qu’ensemble ils avaient rêvé, poussés par le goût de l’aventure.

Ils avaient gagné de la confiance en soi et le sentiment d’être capable d’agir sur leur environnement.

A Villandry, une cour de récré comme une invitation à l’aventure

Pendant deux jours, Agathe Chiron, fidèle à sa méthode, se mêle aux enfants de cette école maternelle, les met à l’œuvre, les observe, afin de faire émerger une idée de jeu pour leur cour de récré.

Le premier jour, elle propose un jeu inattendu aux enfants : avec trois cartes en main, représentant simultanément un animal, un objet et un lieu de l’école, les enfants jouent. Et Agathe prend des photos, tend l’oreille, observe.

Le deuxième jour, les enfants écoutent la lecture de livres d’aventures, de cabanes, de voyages… Ensuite Agathe leur fournit des vignettes représentant des personnages, des animaux, des objets, qu’ils peuvent disposer à leur guise sur des fonds divers, abstraits, le tout en racontant une histoire. L’aventure qu’ils racontent est souvent nourrie par la lecture qui a précédé. Elle est toujours extraordinaire, surprenante, audacieuse !

Après deux jours d’observation des jeux inventés par les enfants, de leurs histoires sur papier, de leurs déplacements dans la cour de récré, Agathe et une amie graphiste inventent une aventure qui sera la base d’une nouvelle cour de récré.

Elles se racontent l’histoire de la montée du Cher qui emporte tout sur son passage, y compris des poissons déferlant dans la cour de récré… Elles habilleront les murs du préau de panneaux couverts de bancs de poissons, elles feront des trous dans le mur du préau pour y insérer des tuyaux qui seront des longues vues pour observer le paysage au loin derrière l’école, elles installeront un très long tuyau reliant deux extrémités du préau dans lequel les enfants pourront se parler, elles troueront un large rond dans le mur séparant le préau de la cour pour que les enfants passent de l’un à l’autre…

Inspirée par les enfants eux-mêmes, Agathe aménage une cour de récré et un préau propice à l’aventure.

Jour après jour, les enfants continuent à découvrir des cachettes, des trous, des pentes, des prises d’escalade… qu’une architecte a mis là pour eux, après les avoir tant observé.

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