Ali baba, une caverne pour tous les enfants
A la Caverne d’Ali baba, des enfants porteurs de handicap côtoient des enfants sans handicap, histoire de savoir vivre sans peur avec la différence. Eclairage par Cécile Hérrou, directrice de l’association APATE.
Pour le tout petit enfant, tout ce qui l’entoure est source de découverte. Tout, y compris le handicap. C’est pourquoi, un enfant qui entre à la Caverne d’Ali baba, découvre le handicap comme faisant partie de la diversité du monde. Voilà les mots positifs de Cécile Herrou, directrice de l’association APATE, et d’Annie Bernier qui lui succèdera prochainement.
La Caverne d’Ali baba, comme cinq autres structures parisiennes, sont gérées par l’Apate (Association Pour l’Accueil de Tous les Enfants), association reconnue d’intérêt général financée par la Ville de Paris et la Caf Paris.
Parmi les enfants accueillis de 3 mois à six voire sept ans, une place sur trois est réservée aux enfants handicapés. Ceux qui ne le sont pas voient la différence, sans que cela ne génère d’inquiétude. Souvent même, ils retiennent l’aspect positif de la différence. Un petit garçon handicapé moteur et une petite fille prenaient un bain dans la mini piscine de la halte-garderie, le petit gars explique à la demoiselle qu’il ne peut pas marcher. Elle lui répond que si, il marche assis.
A la place de l’angoisse, de l’optimisme.
Et même, une attractivité : les enfants qui sont différents, qui ont un comportement décalé, attirent à eux. Ainsi un enfant autiste qui fait de belles galipettes, un aveugle qui fait des bonds sans jamais se cogner… appellent l’attention des autres.
Cécile Herrou précise qu’à l’ouverture de la première structure (La maison Dagobert), en 1992, elle avait encore une interrogation : les parents allaient-ils supporter que leurs enfants côtoient des enfants handicapés ? Elle s’est aperçue que les parents qui confiaient leurs petits à ce lieu d’accueil faisaient là un choix qui pouvait être éthique, politique, moral, religieux… qui relevait en tous les cas d’une démarche pédagogique volontaire. Et aujourd’hui, Cécile Herrou avoue être fascinée par le regard juste de ces parents sur les enfants handicapés. Un regard ni trop appuyé, ni distant.
Pour Cécile Herrou et Annie Bernier, le pari de structures comme Ali baba est aussi de provoquer un effet collatéral chez les parents. Ceux qui ont fait la démarche de confier leur enfant à une structure ouverte au handicap seront rassurés en accompagnant leur enfant, en voyant le personnel et les enfants à l’aise.
A propos de cette rencontre avec des enfants handicapés, Cécile Herrou parle d’une « inquiétante familiarité » : ils nous ressemblent tellement, ils sont tellement pareils que nous, qu’ils nous touchent, nous bouleversent, que les côtoyer n’est pas anodin.
Justement, le personnel des structures comme Ali baba valorise le pareil. D’abord, l’enfant handicapé sait faire beaucoup de choses comme les autres, et même il est capable de renverser nos valeurs, de nourrir en nous une autre philosophie de la vie.
L’enjeu pour les directrices de l’APATE est bien qu’en grandissant, les enfants qui sont passés par ici, continuent à côtoyer des personnes handicapées et qu’en même temps, les enfants handicapés trouvent une place dans la société.
Mission accomplie pour le nouveau président de l’APATE : « Ancien enfant accueilli à l’APATE et porteur d’un handicap, il était là, aujourd’hui avocat. Ce qui prouve que notre travail porte ses fruits. »
En savoir plus : www.apate.fr