Pour une rencontre avec la société, il faut une rencontre avec les parents

La voix d’une infirmière puéricultrice d’un service de PMI de Paris.
Témoin de ce moment où l’enfant rencontre
le monde extérieur, elle nous éclaire sur ces mois de découverte.

« Pour une rencontre avec la société, il faut une rencontre avec les parents »

Témoin de ce moment où l’enfant rencontre le monde extérieur, elle nous éclaire sur ces mois de découverte.

La première aventure est prénatale. Dans le ventre de sa mère, dans le liquide amniotique, l’enfant suce son pouce, fait des galipettes… Il est très actif, il vit déjà une aventure avec lui-même.

À la naissance, la « tétée de bienvenue » est sa première rencontre avec l’extérieur. Le bébé est vite enveloppé dans l’odeur diffusée par les glandes mammaires qui est la même que celle du liquide amniotique. Au début, le bébé pense que sa mère et lui sont la même personne.

Et il est très centré sur ses propres besoins. C’est là que la mère doit répondre à ces besoins en continu.

Après la naissance, l’enfant parcourt tout un chemin pendant lequel il se demande s’il peut s’attacher à cette personne. Le bébé a besoin de temps pour reconnaître sa mère comme la personne d’attachement. Il faut répondre à ses besoins systématiquement pour que l’enfant ait confiance et que le lien se tisse avec la mère. Cela prend souvent deux mois.

Vers 8-9 mois, le bébé fait la différence entre sa mère et lui parce que celle-ci ne répond plus instantanément à ses besoins. Puisque la satisfaction n’arrive pas toujours, c’est qu’elle dépend de quelqu’un d’autre que lui-même.

Avant 15 mois, l’aventure, c’est avec soi-même, avec son propre corps. Le bébé se touche, se sent, se goûte… Il apprend par lui-même la coordination visuelle et gestuelle. Il se fatigue beaucoup, il ne s’ennuie pas.

Les sons, bruits… Ils ne savent pas que ce sont eux qui les produisent. Ils les répètent et, lorsqu’ils reçoivent un écho, une réponse, petit à petit ils font la différence entre eux et les autres.

Après 15 mois, l’enfant s’ouvre au monde. Il remarque le plaisir ou la détresse de l’autre qui joue avec un jouet. Ce plaisir de l’autre, qu’il voit ou qu’il ressent dans les gestes, l’enfant veut le vivre lui aussi. Il l’imite.

Les enfants sont tous des aventuriers mais certains sont plus à l’aise que d’autres parce qu’ils ont bénéficié d’un lien d’attachement fort avec un parent.

Pour s’ouvrir vers l’extérieur, l’enfant doit se sentir suffisamment en sécurité, il doit avoir construit ce lien. Si le lien existe, l’enfant s’aventure, explore le monde avec sérénité. S’il rencontre un obstacle, il peut se tourner vers cette figure d’attachement.

À défaut de lien avec une personne de confiance, soit l’enfant ne va pas explorer, soit il y va mais, au premier obstacle, il se fige, il pleure.