Loris Malaguzzi
Un rêve réalisé
Après 1945, dans le Nord de l’Italie à Reggio Emilia, un groupe de femmes a décidé d’investir dans l’éducation des petits enfants. Elles espéraient que grâce à une bonne éducation qui apportera des bases pacifiques aux enfants, la guerre ne recommencerait pas.
Peu à peu avec l’aide d’un pédagogue : Loris Malaguzzi, des groupes de parents et de femmes et hommes politiques se sont organisés pour que dans la ville, les enfants aient plus de place, que des institutions pour les accueillir soient créées et surtout que l’éducation que les enfants recevront soit la meilleure possible.
C’est ainsi que depuis plus de cinquante ans les réalisations éducatives et sociales pour la petite enfance à Reggio Emilia, sont devenues un modèle. De nombreux pays du monde entier sont venus visiter les différentes institutions, crèche et maternelles, pour s’en inspirer et de nombreux écrits ont été publiés à leur sujet.
Lorsqu’on visite une école maternelle à Reggio Emilia les enfants paraissent bien vivants et concentrés. On y retrouve des éléments de différentes pédagogies. En effet, L. Malaguzzi s’est référé à de nombreux pédagogues qui l’ont précédé tout en créant sa propre démarche.
Pour lui les enfants ont de multiples possibilités qu’il a appelé « les cents… » Une centaine de langues, de mains, de pensées…L’éducation leur offre donc les possibilités d’utiliser ces dons. C’est à nous, les adultes, à leur créer un environnement où ils pourront les utiliser et ainsi découvrir les lois de la vie et une façon de grandir qui les amène à être des adultes responsables.
Pour cela L. Malaguzzi propose au moins deux supports essentiels : l’art et la nature.
La nature donne de multiples éléments que les enfants observent de façon approfondie. Dans une classe on peut voir plein de fruits, de feuilles, de morceaux de bois, de plantes…. Je me souviens avoir vu un petit groupe d’enfants autour d’une planche d’arbre en train de regarder des éléments de la nature, d’échanger entre eux et là je fus frappée non seulement par leur concentration mais aussi par la bonne entente entre eux.
Lorsqu’on entre dans une crèche ou une école, l’accueil est très important, des fleurs ou des fruits sont disposés sur des tables pour les adultes ou les enfants et des panneaux retransmettent aux parents les différentes activités des enfants. Les parents peuvent consulter les cahiers leurs œuvres. Des échanges se font entre les « pédagogistas » et les parents.
Les enfants participent à la cuisine, ils aident les cuisinières.
En plus de créer, les enfants s’expérimentent, il n’y a rien qui ne soit intéressant dans leurs expérimentations spontanées : un jeu de lumière avec des glaces, avec l’ombre des feuilles sur le sol, le jeu à la marchande où les enfants échangent et en même temps apprennent à calculer. Comme dans un endroit où les enfants se sentent à l’aise, leurs trouvailles fusent et elles sont prises en considération.
Chaque évènement est valorisé pour que les enfants apprennent.
La vie sociale dans les écoles de Reggio est très importante. J’y ai vu les enfants écrire des messages sur des petits papiers, pour leur camarade ou leur maman. Ils ont chacun un petit casier où mettre leurs petits trésors ou petits cadeaux. Les qualités de cœurs sont reconnues. Les enfants sont écoutés et entendus.
Dans les crèches, l’architecture est adaptée pour donner une impression de rondeur, des objets-jeu simples sont données à la disposition des petits, un endroit intime est réservé pour les changer, l’endroit où ils dorment est confortable.
La place de la beauté est importante, celle que l’on peut créer en toute simplicité et celle qui est là. On la voit, on la partage…C’est l’apprentissage des valeurs.
La dynamique de recherche pédagogique, est soutenue par des réunions, des échanges entre les différents adultes concernés par la vie dans les crèches et les écoles maternelles. Encore actuellement des représentants de la municipalité, des parents, des éducateurs et artistes mettent en place des projets et si les enfants ne les adoptent pas, on remet en cause et on oriente autrement.