Accueil » Ressources Pédagogiques » Jérémie Fischer, l’abstraction figurative

Une technique en amène une autre

Encore étudiant aux Arts déco de Strasbourg, il découvre la sérigraphie, qui lui permet d’imprimer de grands aplats de couleurs et de jouer avec la transparence. Son style éclot tranquillement. Il se lance ensuite dans le papier découpé, technique manuelle proche de la sérigraphie. Il fabrique ses couleurs, encre lui-même le papier, découpe et colle. Et compose : affiches, livres, fresques… Son mode de création est là, en accord avec son goût pour l’abstrait et les jeux d’optique.

Des résidences tout près des enfants

En 2019, Jérémie Fischer entame une résidence de deux ans à Saint Gaudens en Haute-Garonne avec pour objectif de créer une malle itinérante qui portera le nom de « Tout-petit pays sage » et qui illustre le penchant du garçon pour les paysages etles collages. La malle voyage de crèche en crèche, elle arrive sur des roulettes, s’ouvre sur :

• un paravent en 3 parties représentant un chat : tête, corps, queue se déplient, mais une fois replié, le paravent est une tête de chat
• des puzzles en bois et carton
• des modules d’exposition en carton très épais et solide qui s’imbriquent et dans lesquels sont glissés des tableaux en carton

En 2020, Jérémie est à Montreuil pour le mois de la petite enfance. Il conçoit un jeu de cartes peu ordinaire, appelé « Ani Mélo », parce que les animaux sont mixés. Les enfants construisent des animaux en superposant carte et filtre de couleur transparent. Les bestioles qui apparaissent en plastique qui rend tout pareil et sans vie. Il échange aussi sur sa vision d’artiste.

Idées sur notre vision des choses

Pour Jérémie Fischer, « l’abstraction n’est pas plus compliquée qu’autre chose ». D’ailleurs, ses œuvres partent en générale de l’abstraction pour devenir figuratives, quand on distingue une falaise, un nuage, un arbre, puis de nouveau les figures disparaissent au profit de l’abstrait : « la frontière est ténue » dit-il.

Jérémie joue avec notre vision, avec ce qu’on croit voir, il donne dans ses œuvres plusieurs lectures d’une même figure. Les enfants intrigués se livrent facilement au jeu, en créant des animaux impossibles par exemple. L’artiste est heureux d’apporter aux enfants une ouverture, la découverte d’un univers qu’ils n’ont pas l’habitude de côtoyer. Dans ses projets à destination des enfants, les objets diffèrent mais l’idée est toujours d’utiliser des matériaux variés et de jouer avec la perception : on croit voir un âne, mais une fois le filtre bleu posé sur l’animal, il ressemble plutôt à un oiseau…

Des animaux plein les têtes

Jérémie Fischer a aussi créé des « Têtes de bois », qui sont des formes d’animaux en bois, qui une fois assemblées en puzzle forment la tête d’un autre drôle d’animal. Et Jérémie a conçu une « Ménagerie de carton » : des animaux en carton à l’échelle des enfants (un dino rouge, un gorille vert, un éléphant bleu, tous grands comme un tout-petit) s’imbriquent pour former divers paysage selon l’angle de vue. Ce garçon aime vraiment jouer avec la perception, il se joue de notre vue et de nos interprétations ! Sous un certain angle, on aperçoit un groupe d’animaux, sous un autre angle, on voit un buisson… Les enfant tournent autour de la sculpture et découvre des scènes variées. Le créateur explique que ce sont des dispositifs immersifs. Mais qu’« il faut avoir 3 ans » ironise-t-il pour avoir une vue imprenable sur ces décors changeants.

Paysages, animaux apparaissent et disparaissent. Les enfants voient des formes ou des éléphants. Un animal se dresse devant eux et puis il se transforme et devient une forme curieuse, irréelle. Jérémie Fischer travaille de plus en plus avec des formes aléatoires, des chutes de papier ou de carton, laissant le hasard prendre une plus grande part. Histoire d’ajouter un peu de jeu et de surprise.

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