Dans la série « Rêveries sur ce que la vie nous apporte » par Bernadette Moussy, membre du Comité des (Pas) Sages

Prise sur le vif et en même temps pleine de vie, cette représentation est issue du 4ème de couverture de l’ouvrage de Jean-Noël Luc, La petite enfance à l’école, XIX et XXe siècles, INRP, 1982. 

Elle m’a tellement plu que je l’ai eue sous les yeux de nombreuses années lorsque j’écrivais ma thèse. Je viens partager avec vous ce que cette image me suggère. Peut-être à votre tour serez-vous sensibles à ce qu’elle évoque ?

Cette scène se passe apparemment dans un jardin d’enfants ou plus probablement une école maternelle, au début du XXe siècle. Les enfants ont un peu plus de trois ans, époque de leur vie où ils quittent la rondeur du tout-petit et apprennent à parler avec jouissance. 

L’adulte se penche vers une petite fille, elle est attentive à lui remettre son col. On dirait qu’elles se parlent. La petite fille la regarde avec joie et confiance, elle se laisse toucher, ses deux petites mains détendues posées sur son ventre. La jeune femme est attentive à ce qu’elle fait. Elle est penchée vers l’enfant, mais en même temps, elle lui marque une distance. 

Elle est disponible à ce qui se passe autour d’elle et elle va bientôt se vouer à une autre tâche. Un autre enfant, l’autre coté, en blouse grise, assiste à la scène, tranquillement, les mains dans les poches. En fait, ils sont trois au centre de l’image. Cet autre enfant attend-t-il son tour pour parler à sa maitresse où plutôt attend-il la petite fille pour jouer avec elle. ? Qu’y a-t-il dans sa poche ? Veut-elle lui donner ou le partager ? 

Ce qui se passe autour de ce trio dévoile des interactions entre enfants et met ainsi en relief la solitude de la petite fille qui porte son panier à bout de bras. Elle est très proche de l’adulte. On peut deviner une « petite nouvelle » qui ne sait pas où ranger son panier à moins qu’elle n’ait pas voulu le quitter. On dirait qu’elle se cache tout en cherchant protection derrière la jeune femme. Elle pourrait lui tenir la jupe, mais, soit elle n’ose pas, soit cela lui suffit d’être près de la maitresse ! Va-t-elle la suivre ainsi tout la journée ? Vu l’attitude des deux enfants à gauche de la reproduction, on peut espérer que l’un d’entre eux viendra la chercher, qu’elle posera sa main sur son épaule, comme la petite fille à la robe rouge fait avec la plus petite et qu’elle lui parlera aussi à l’oreille. Apparemment ces deux enfants à gauche regardent la même chose ! Quel joli geste a cette main sur l’épaule de l’autre. Elle dit « je suis là, je partage » Ces petites filles paraissent concentrées vers le même but. Peut-être est ce pour aller vers un lieu d’activité ?

Comment cette jeune institutrice a-t-elle su mettre une telle ambiance dans son petit groupe ? Une ambiance joyeuse, de bienveillance où les enfants se sentent en sécurité et peuvent être eux-mêmes. Souriants ou tristes, à l’aise ou réservés. Le cadre est accueillant, des rideaux aux fenêtres donnent une tonalité chaleureuse. Sa présence attentive directe ou indirecte suggère à chacun qu’il a une place. 

Que ce soit le premier jour, la première heure ; par le regard, par le fait de nommer l’enfant, l’adulte signifie à chacun qu’il est ici chez lui qu’il est approuvé dans ses caractéristiques essentielles et qu’il pourra s’exprimer sans danger.

La forme « logo » a été créée par Isabelle Majou qui a illustré mes publications : « Les pédagogues dans l’histoire » et « Flânerie pédagogique ». Elle représente mon site silapedagogie m’était contée.

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