Danseuse et co-fondatrice de la Compagnie L’éclaboussée avec Stéphanie Moitrel, Céline Dauvergne danse auprès des tout-petits, dans des crèches, des centres sociaux-culturels, des PMI, des bibliothèques… Elle connaît bien son public et raconte.

Tout d’abord, devant des bébés, elle joue un spectacle, dit-elle. Elle ne monte pas un atelier. Il n’y a pas d’attente de résultat. Il y a un ici et maintenant, un instant à part où quelque chose de beau, d’étrange, de surprenant, se joue.

Un spectacle c’est la rencontre d’une partition (une chorégraphie en partie écrite à l’avance) et d’une situation (entre 15 et 20 tout-petits, dont une petite qui a mal dormi cette nuit, 3 professionnels dont 1 qui n’a pas envie de regarder, une salle ouverte sur un jardin, un soleil qui éclabousse la fenêtre…). Les danseuses arrivent avec leur spectacle. Pour être là (et non pas dans leur tête à se souvenir de la chorégraphie), les danseuses ont appris à entrer dans l’ici et maintenant. Justement, comme les enfants qui les regardent.
Danseuses et enfants s’accordent bien sur ce point : ils sont tous présents, bien là, ancrés dans le lieu.
Cette présence du danseur ne se commande pas, elle est le propre de cet art : un danseur connaît son corps, ses limites, son équilibre, il a l’art de lui faire faire des mouvements précis et d’habiter l’instant. Le danseur est pleinement dans son corps, engagé, et les bébés sentent que quelque chose se passe dans le corps du danseur.
« Pendant le spectacle, les enfants peuvent tout faire, tant qu’ils sont avec nous » dit Céline Dauvergne. Un tout-petit peut être debout ou assis, de dos, à l’autre bout de la pièce, allongé… et être présent.

Ainsi, pendant le spectacle, les parents sont invités à accompagner discrètement leur enfant pour qu’il entre librement dans le spectacle et le vive dans son corps.

Devant un spectacle de danse, le bébé voit des adultes qui prennent plaisir à bouger. C’est souvent nouveau, curieux. Surprenant. Ça peut lui donner envie d’essayer. « Le danseur ouvre des possibles » déclare Céline Dauvergne. Parce qu’il ose des gestes, le danseur ouvre des portes que le tout-petit n’avait pas encore découvertes.

Céline Dauvergne créé ses spectacles en présence de bébés, car elle ne veut surtout pas projeter ce qu’elle croit savoir du bébé, elle ne veut pas préjuger de ce que peut ou ne peut pas un bébé. En montant une chorégraphie avec des bébés, elle se met plus facilement à leur place.

« L’artiste est là, selon moi, pour bousculer les représentations de ce que peut ou pas un bébé ». Devant un spectacle de Céline Dauvergne,  les enfants restent en général attentifs pendant 20 minutes, les professionnels en sont souvent surprises.

Le spectacle est un lieu différent où les sons, les gestes, les rythmes changent de ceux que les bébés connaissent au quotidien. Un spectacle de danse bouscule même les adultes. Ceux-ci peuvent être gênés, les bébés eux sont surpris, interloqués, mais aussi subjugués, attirés, ils ont souvent envie d’y aller, d’approcher la danseuse, de la toucher.

Les tout-petits apprennent beaucoup dans le mouvement, alors pouvoir admirer une danseuse bouger si librement, si curieusement est pour eux une découverte, qui pourrait même leur donner des idées.

www.leclaboussee.wordpress.com

Parmi les spectacles écrits ou co-écrits par Céline Dauvergne : « À l’orée », « Slang ou le bruit de la langue », « Paysages à portée de main ».

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