Professeure des écoles et directrice de maternelle à Vernou-sur-Brenne, Elsa Le Saux-Pénault a signé en 2017, une thèse intitulée « Éduquer à l’égalité des sexes en conduisant des recherches sur la littérature enfantine ». Un travail de recherche entrepris avec des professeurs des écoles et leurs élèves.

Résultats, la caricature
Sur les couvertures des albums jeunesse, les personnages masculins, garçons, hommes ou animaux mâles, sont représentés de face, grands et au premier plan. Les personnages féminins, filles, femmes ou animaux femelles, sont de profil, de moindre taille et occupent le second plan.
D’un côté, une arme, de l’autre un chiffon. D’un côté, de grands, forts et courageux gaillards, exerçant des métiers à responsabilité, ayant des relations sociales en dehors de chez eux, d’ailleurs à l’occasion portant des lunettes. De l’autre côté, de petits personnes fragiles, recluses à la maison, avec leurs petites chaussures délicates, et leur tablier.
Jeux d’imitation pour les petites filles, jeux sportif ou de construction pour les petits garçons.

On dirait une caricature. C’est pourtant le résultat des observations dirigées par Elsa Le Saux-Pénault et son équipe de recherche, dans des classes de maternelle et primaire.

Méthode, tous chercheurs
Elsa a travaillé en équipe avec les professeurs des écoles et leurs élèves. Les enfants étaient donc des chercheurs, en même temps que les adultes. Ensemble, ils ont noté les différences de traitement des personnages masculins et féminins dans les livres qu’ils avaient à disposition dans leurs classes. Ils ont compté, dessiné des camemberts et analysé les disproportions.
Et ils se sont révoltés. Garçons et filles.
Comme ce jour où les garçons manifestaient leur mécontentement. L’équipe enseignante les interroge et comprend que les garçons sont agacés de voir que dans leurs albums, ils étaient décrits comme sales et grossiers, alors que les filles étaient dépeintes comme belles et sages.
Le livre est soudain perçu comme autorisant les garçons à être sales et grossiers et enjoignant les filles à rester belles et sages.

Une fois notés ces écarts de traitement, il reste à expliquer aux enfants que ces différences engendrent des inégalités. 

Conclusion, l’esprit critique
Face à une telle répétition des stéréotypes, comment inciter les enfants à réagir ? On ne va pas brûler les livres, ni censurer, ni imposer des quotas bien sûr.
La méthode suivie pour cette recherche, consistant à faire participer professeurs et élèves, a poussé ces derniers à rester vigilants, à avoir le réflexe de critiquer ce qu’ils lisent, à remettre en question les stéréotypes répandus dans le littérature jeunesse.
Lorsque les enfants repèrent par eux-mêmes les différences, ils sont ensuite en mesure de les analyser. C’est bien en développant l’esprit critique des enfants qu’on pourra améliorer l’égalité entre les sexes.

Le Saux-Pénault, E. (2017). Éduquer à l’égalité des sexes en conduisant des recherches sur la littérature jeunesse – Une Recherche-Action à l’école primaire –, thèse de doctorat en Sciences de l’Éducation de l’Université Paris Nanterre. En ligne : http://www.theses.fr/2017PA100179.

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