Vous le savez sûrement, Agir pour la petite enfance choisit le thème de l’année à venir en s’entourant d’un comité d’experts scientifiques et pédagogiques, dit les (Pas) Sages. Ce dernier s’est tenu en avril 2021 dans le plus grand secret.
Dominique Cronier, psychomotricienne, a été la première des (Pas) Sages à prononcer le mot. « Retrouvailles ». Je l’ai donc interrogée pour savoir ce qu’elle entendait par là…
Prenez une balançoire. Un enfant posé dessus, une maman plantée derrière. Le va-et-vient. L’envol vers le ciel et la poussée des mains de la maman. L’infini devant, maman derrière. L’élan, l’inconnu, la découverte devant, maman qui attend derrière, les mains ouvertes.
La balançoire raconte les retrouvailles que le tout-petit se réjouit de vivre et revivre à l’infini. Il retrouve sa maman parce qu’il l’a quittée et surtout sachant qu’il va la retrouver, il la quitte serein, plein de vitalité, de confiance et de curiosité.
Comme le matin à la crèche, lorsqu’il voit son papa partir au travail et qu’il va passer la journée à explorer le monde. Il part d’autant mieux à l’aventure qu’il sait que papa va venir le chercher le soir, il sait qu’il va retrouver celui qu’il a perdu. Les retrouvailles sont alors un rituel réconfortant, un moment joyeux, vécu avec beaucoup d’intensité par le tout-petit.

Les retrouvailles sont toujours plurielles ! s’émerveille Dominique. Ce qui prouve qu’elles impliquent plusieurs personnes, elles réconfortent un lien. Les retrouvailles charrient un historique entre plusieurs personnes, avec des humeurs, des souvenirs. Elles racontent aussi la qualité de la relation : intime, froide, heureuse.

Les enfants aiment tellement les retrouvailles qu’ils jouent à se perdre pour avoir le plaisir de se retrouver : ils jouent à cache-cache, passent derrière un meuble et réapparaissent, sourire aux lèvres, ils se glissent sous un lit et en ressortent hilares. Ils s’offrent des adieux à l’infini, rien que pour la joie des retrouvailles. Ils se font peur en se tenant derrière un rideau pour exploser de joie au moment où ils en ressortent. Metteur en scène de son plaisir, le tout-petit rejoue la perte et les retrouvailles.

Si on enlève le « re », il reste trouvailles. Un mot pétillant qui parle de choses extraordinaires. Car une trouvaille se produit fortuitement, au détour d’un chemin inconnu, elle surprend et rend heureux. Un peu magique, la trouvaille est heureuse.

Les premières trouvailles du tout-petit sont celles qui parsèment son développement. Tout d’abord, l’air qui l’entoure et le poids de son corps. Puis, le tout-petit découvre les odeurs, les sons et autres sensations. Enfin, il découvre ses parents. Autant de trouvailles, le haut du panier des trouvailles.
Et quelle source de bonheur immense !

Dominique s’amuse à évoquer les trouvailles qui sont des retrouvailles : ressortir un jouet remisé dans un placard pour lui donner une nouvelle vie, c’est une véritable trouvaille !
Mettez une caisse de jouets de petite section au milieu de la grande section et vous verrez la trouvaille. Les enfants ont grandi, ils retrouvent leurs vieux jouets et jouent autrement avec.

Trouver, retrouver, c’est sans fin, et la répétition apporte amusement, confort et excitation, rien que ça !

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