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1. Qui es-tu, Lise Massal ?

Je suis artiste, conteuse, comédienne, chanteuse et cheffe de chœur. Dans tous ces domaines, je suis totalement autodidacte. Je travaille avec beaucoup de passion et d’instinct mais également avec une grande exigence et j’éprouve beaucoup de bonheur à pouvoir me réaliser dans ces différents domaines et ainsi à donner et recevoir du bonheur chaque jour ! 

2. Comment as-tu rencontré le kamishibaï ?

A cette époque, il y a un peu plus de 10 ans, je travaillais comme formatrice linguistique … je faisais de la remédiation linguistique en FLE, alphabétisation et lutte contre l’illettrisme auprès d’un public d’adultes et d’adolescents et je trouvais ce travail passionnant, mais malheureusement on  ne nous donnait pas les moyens de vraiment bien faire ce travail et puis j’étais sans cesse en contact avec des adultes aux parcours souvent difficiles, et ressentir leurs souffrances m’était devenu difficile à gérer … en grande amoureuse des lettres et de la langue, j’ai alors eu l’envie et l’instinct de m’adresser à un public de tout-petits, pour pouvoir être en position de planter une première graine plutôt que de réparer quelque chose qui était déjà abimé … et en faisant des recherches, au sein des pratiques dans les pédagogies alternatives, j’ai découvert le kamishibaï et je me suis lancée en pensant que ce serait un média idéal !  

3. Pourquoi le kamishibaï parle-t-il si bien aux tout-petits ?

Les enfants ont une appétence naturelle pour les images ! c’est bien pour cela que les écrans sont rapidement devenus tellement omniprésents … et problématiques, car ils ne sont pas adaptés aux jeunes enfants … le kamishibaï au contraire utilise les images de façon beaucoup plus douce et pertinente … on peut dire que c’est l’ancêtre de la télévision ! ;) … et selon moi ces images sont une formidable porte d’entrée vers les mots, le langage et l’imaginaire … le kamishibaï permet un double décodage pour les jeunes enfants : si ils ne comprennent pas bien un mot, ou une narration, ils se raccrochent à ce qu’ils voient … 

4. Comment crées-tu tes histoires ?

Je suis très instinctive, donc bien souvent les idées me viennent en faisant tout autre chose, et puis je mature l’idée un moment et ensuite je les réalise … je connais bien les besoins et attraits des tout-petits donc je choisis des thématiques et types de narrations adaptés … je créé un univers global très ludique et dynamique, avec des situations simples et répétitives, des images simples et colorées … je ne me cantonne pas à la technique traditionnelle du kamishibaï et ajoute des accessoires, des marionnettes, des jeux de gestes … et surtout j’utilise beaucoup la musicalité, que ce soit avec des chansonnettes ou bien en créant beaucoup de rythmes, rimes et musicalité dans l’écriture des textes … ensuite l’interprétation est fondamentale ! elle me vient naturellement et je la peaufine au grès des lectures et des publics   

5. Que se passe-t-il pendant une séance avec les enfants ?

Je propose des séances de kamishibaï pour les tout-petits plusieurs fois par semaine depuis 10 ans, et c’est toujours un émerveillement pour moi d’observer le plaisir vécu par mon petit public, de constater à chaque fois combien ils sont sensibles, intelligents, sincères et réactifs ! … je ne m’ennuie jamais et ne me lasse pas de cette pratique car leur présence m’apporte beaucoup de joie, d’espoir … et de surprises  

Une seule anecdote ? … une fois où j’intervenais en crèche, les puéricultrices avaient perdu, le temps de quelques dizaines de secondes, l’un des petits groupes d’enfants … ils devaient participer à l’activité « jeux d’eau » mais s’étaient échappés ! … nous les avons retrouvés dans la salle où  je devais conter pour un autre groupe … tous assis, calmes et souriants devant mon butaï et quand nous sommes arrivées, ils se sont mis à réciter la petite formule magique qui introduit mes séances J … c’était tellement drôle et mignon … et ça en dit long sur l’attrait des enfants pour les histoires !!  

 6. Quels conseils donnerais-tu aux professionnel·les qui veulent s’initier ?

On me demande souvent conseil à ce sujet ! … et comme je suis une instinctive autodidacte, j’ai tendance à proposer une voie qui correspond à ma propre façon de faire : essayer, faire, se lancer ! … sans se mettre de freins et de limites ! ;) … j’ai monté une formation il y a quelques années où j’expliquais aux stagiaires à quel point nous pouvions tous être créatifs ! ce n’est pas l’apanage de quelques rares élus : il faut se lancer et débrider sa créativité ! Donc je conseille si possible de créer ses propres kamishibaïs … ce que mes stagiaires étaient tout à fait parvenues à faire alors qu’elles s’en sentaient incapables au début de la formation. 

Sinon , la pratique est très accessible : un butaï, quelques histoires à acheter ou à emprunter à la bibliothèque et hop ! on se lance et on se perfectionne au fur et à mesure en observant bien son public   

7. Une citation ou pensée que tu aimerais transmettre ?

« Mieux vaut une erreur fructueuse qu’une vérité stérile ! » … ou comment envisager l’apprentissage et la créativité comme des processus qui s’essayent, se pratiquent, et trouvent aussi leur sens et leur quintessence au grès des obstacles rencontrés, plutôt que dans des pratiques de transmission très verticales ;) 

Où pouvons-nous vous retrouver ?

Cela fait des années que je procrastine à ce sujet : je n’ai toujours pas de site internet regroupant mes différents projets artistiques ! … en attendant, les marseillais peuvent me retrouver en tant que conteuse dans l’agenda des bibliothèques de Marseille pour lesquels j’interviens régulièrement depuis de nombreuses années … et je vous invite à découvrir l’un de mes autres projets : un grand chœur de femmes que je dirige : « Tutte Quante » à retrouver sur facebook et instagram ! ;)