Suite à notre sondage diffusé en mars/avril 2023, à la question Pensez-vous que le lait infantile peut être remplacé par du lait de vache ? Vous êtes près d’1 sondé sur 5 à répondre oui !

Qu’en disent les professionnels de la nutrition infantile ?
Article redigé en collaboration avec Candia Baby

Même si petit à petit bébé commence à partager ses repas avec les grands et mange comme eux, peut-il boire le même lait ?

Le tout petit a des besoins nutritionnels spécifiques qu’il faut couvrir pour lui garantir un développement physique et mental harmonieux. Il a donc besoin d’une alimentation sur mesure. Notamment en ce qui concerne le lait qui représente une part importante de son alimentation.

D’après la dernière étude Nutri-Bébé réalisée en France en 2022 sur les 0-36 mois, l’introduction de lait de vache non spécifique reste trop précoce. En effet, 1/4 des bébés entre 1 et 2 ans et presque 50% après 2 ans consomment du lait de vache non spécifique. 


Lait infantile et lait de vache : quelles sont les différences pour un enfant ? On vous explique :

La composition nutritionnelle du lait de vache et des laits d’autres mammifères comme la chèvre ou la brebis par exemple est différente de celle du lait maternel et ne répond pas à l’ensemble des valeurs minimales et maximales définies par la règlementation infantile (règlement délégué (UE) 2016/127) (ANSES, 2019). C’est pour cela qu’il est tout à fait déconseillé et même dangereux de remplacer les laits 1er et 2ème âge de bébé par des laits de mammifères ou des boissons végétales.

Après 1 an et jusqu’à l’âge de 3 ans voire au-delà, il est conseillé de privilégier le lait de croissance, spécialement conçu pour répondre aux besoins nutritionnels de bébé avec la bonne dose de nutriments nécessaire à son développement, en complément d’une alimentation variée et équilibrée. Le lait de vache ne correspond quant à lui aux besoins nutritionnels de l’enfant qu’à partir de 3 ans. Pour des raisons de budget, il est cependant possible d’alterner à partir de 1 an entre un lait de croissance et du lait de vache UHT. Lorsque le lait entier est utilisé, il est souhaitable de favoriser la couverture des besoins en fer par d’autres aliments qui en sont riches.

Le lait de vache ? MANQUE DE FER, D’ACIDES GRAS ESSENTIELS / TROP DE PROTEINES ET DE SODIUM 

Le lait de vache ne contient pas assez de fer ni d’acides gras essentiels (pour le développement cérébral). 

Le fer est un nutriment essentiel pour l’organisme. Il est impliqué notamment dans le développement cognitif. Une carence en fer entraîne des troubles du neurodéveloppement et du comportement à long terme. Ces troubles peuvent malheureusement être irréversibles ou partiellement réversibles.*

A l’inverse, il contient trop de protéines et de sodium qui peuvent surcharger l’organisme par rapport aux besoins des enfants en bas âge. De plus, un apport excessif de protéines a déjà été discuté notamment sur la santé future de l’enfant en lien avec la surcharge rénale et un rebond d’adiposité précoce possible (Chouraqui et al., 2019)**

Le lait de croissance apporte davantage de fer, d’acides gras essentiels (notamment oméga-3), de vitamine D et moins de protéines et de sodium que le lait de vache entier, en phase avec les besoins du jeune enfant. 
Une consommation minimale de 360 ml/j de lait de croissance permet par exemple de mettre bébé à l’abri de déficits potentiels en fer et en acides gras essentiels. En pratique, la quantité recommandée et de 500 ml/j, ce qui correspond à 2 biberons quotidiens.

Lait infantile ? NUTRIMENTS / VITAMINES / MINERAUX

Un lait de croissance couvre entre 30% et 50% des besoins quotidiens de l’enfant en vitamines et minéraux, alors que dans 250 ml de lait de vache on ne couvre que 1,5% à 2% des besoins pour certains nutriments.

 « La consommation de lait de croissance a permis à 45 % des enfants d’atteindre les besoins nutritionnels recommandés en fer. La consommation régulière de fer est un meilleur moyen de prévenir les carences en fer qu’une importante supplémentation sur une courte période»***

Le fer présent dans le lait de croissance permet d’assurer les besoins des jeunes enfants. 
En effet, la prévalence de l’anémie liée à un manque de fer est de 5.4% chez les consommateurs de lait infantiles 3ème âge vs 19.7% chez les enfants buvant du lait de vache (Akkermans et al., 2016, Chouraqui et al., 2019)

A NOTER 

Le principe de base de l’alimentation des enfants est le respect de ses besoins en nutriments essentiels et l’écoute de ses sensations alimentaires.

Une alimentation équilibrée de l’enfant est essentielle à chaque étape de son développement et conditionne sa santé future et des habitudes alimentaires saines. 
Elle doit assurer sa croissance et son bon développement psychomoteur et intellectuel. 

Jusqu’à un an, le lait reste la base de l’alimentation de l’enfant jusqu’à ses 3 ans et au-delà en complément d’une alimentation diversifiée, variée et équilibrée.

« Attention, la substitution de laits 1er et 2ème âge par des boissons végétales chez les enfants de moins de 1 an peut entraîner des déficiences, voire des carences nutritionnelles avec des manifestations pathologiques d’autant plus sévères que l’insuffisance d’apport est précoce et que la consommation est exclusive et prolongée » (ANSES, 2019).

Chouraqui et al., The role of young child formula in ensuring a balanced diet in young children (1-3 years old), Nutrients 2019, 11, 2213; doi:10.3390/nu11092213

Entre 0 et 3 ans, le tout petit a une croissance très rapide : son poids est multiplié par 4 et sa taille est multipliée par deux. Durant cette période, les fonctions vitales de son organisme sont en pleine maturation.

Dès sa naissance, le nouveau-né comble ses besoins nutritionnels avec le lait maternel comme le préconisent les recommandations des organisations de santé. 
A partir de 6 mois, l’alimentation de bébé se diversifie mais le lait constitue un complément essentiel à son équilibre alimentaire. Il est alors recommandé de lui donner 500 ML / jour de lait en plus d’une alimentation variée et équilibrée jusqu’à ses 3 ans minimum.

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*Concernant le lien entre fer et immunité, il y a effectivement en cas de carence des effets délétères sur le système immunitaire et une susceptibilité accrue aux maladies infectieuses mais le fer est « une arme à double tranchant » : en cas de surcharge il peut y avoir une exacerbation des risques infectieux (d’autant plus problématique dans les pays en proie au paludisme notamment). Le fer est donc toxique en excès

Selon le SFAE (2016) : « Le fer est un minéral qui joue un rôle essentiel pour l’organisme. C’est lui qui permet la fabrication et le bon fonctionnement de l’hémoglobine, une protéine constitutive des globules rouges qui véhicule l’oxygène depuis les poumons jusqu’aux cellules. C’est encore le fer qui entre dans la constitution de la myoglobine, protéine responsable de l’oxygénation des muscles. Une carence modérée en fer conduit à une réduction de la capacité physique et des performances intellectuelles. À un stade avancé, la carence en fer conduit à l’anémie avec pour conséquences notables une moindre résistance aux infections et des anomalies dans le maintien de la température corporelle »

**SFAE (2016) : « L’excès de protéines augmente significativement le travail d’élimination du rein, et si un plus grand recul est encore nécessaire pour pouvoir connaître les conséquences d’un régime riche en protéines sur la santé, certaines études associent cependant les excès alimentaires protéiniques chez l’enfant à des risques ultérieurs de surpoids et d’obésité. Un excès de sel peut également solliciter de façon excessive la fonction rénale de l’enfant. De même, des apports élevés en sodium dès le plus jeune âge favoriseraient une augmentation de la pression artérielle et pourraient augurer d’un risque élevé d’hypertension artérielle et de risques cardiovasculaires à l’âge adulte.»

***Extrait de l’article « Les laits de croissance, une bonne stratégie pour prévenir la carence en fer chez les tout-petits | Inserm »

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